Voici déjà le 14ème épisode de VIVIANE, cette troisième partie qui va nous faire vivre les aventures d’une Viviane au seuil de la Renaissance.
TROISIEME PARTIE

El les ans ont passé, et les siècles se sont écoulés. La VIVIANE née autrefois à Cumières s’est mariée, a donné une descendance qui perdure en cette fin du 15e siècle. Le monde a bien changé. Le Génois Christophe Colomb a découvert l’Amérique et la guerre de Cent ans étant terminée depuis un moment, on peut donc envisager d’autres conflits et le Roi de l’époque, Charles VIII, a déjà guerroyé en Italie du Nord et même jusqu’à Naples d’où les belligérants ont ramené le fameux « mal de Naples », plus communément appelé la vérole.
Chapitre1 : Heureuses découvertes
Viviane, ce jour-là ressentit son premier orgasme. Elle avait à peine 15 ans.
L’onde qui l’avait submergée la troubla profondément. Elle ferma les yeux pour reprendre son calme après le fulgurant plaisir qu’elle venait de découvrir.
– C’était bon, susurra Flore.
Viviane ne répondit pas ; son esprit revivait tous les moments intimes qu’elle avait partagés avec Flore, cette amie de longue date dont la famille tenait commerce de drap, à proximité de la mercerie de ses parents, dans la belle cité de Reims. Elles avaient partagé les jeux de l’enfance avant de se retrouver toutes deux au couvent des clarisses de Cormontreuil qui assuraient alors l’éducation des filles de la bourgeoisie rémoise. Outre l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, on leur inculquait une éducation destinée à faire d’elles des épouses parfaites et des maitresses de maison accomplies.
Elles avaient le même âge et connurent à peu près en même temps le moment où le corps se transforme, où l’on devient adolescente. A cette époque elles prirent l’habitude de faire des comparaisons anatomiques, prenant plaisir à retrousser leurs robes pour comparer l’évolution de leurs seins ou la pilosité de leur petit minou. Ce jeu les amusait : elles n’y voyaient rien de répréhensible, ni même une malsaine curiosité ; elles s’informaient, tout simplement.
Cependant, petit à petit, il leur vint d’autres envies : elles découvrirent des caresses auxquelles elles prirent goût, se mignotèrent, se pourléchèrent, trouvant à ces gestes intimes beaucoup d’attrait. Et aujourd’hui, serrées avec force l’une contre l’autre, elles avaient ressenti dans cette étreinte un plaisir inattendu, imprévu même, qui dépassait celui de l’esprit pour envahir celui du corps. Elles ne comprenaient pas trop ce qui s’était produit, mais cela avait été délicieusement bon et dans les jours qui suivirent, elles recommencèrent, toujours avec la même avidité, se demandant si un tel plaisir pouvait être semblable avec des garçons ; mais dans ce couvent, peuplé de femmes, hormis un très vieux confesseur vers lequel elles ne pouvaient se confier, il n’était pas facile de trouver une quelconque réponse aux questions qu’elles se posaient.
Lorsqu’elles eurent 16 ans, suivant la règle établie par les religieuses, elles quittèrent le couvent, leurs études terminées et retrouvèrent leurs familles, sans toutefois se perdre de vue, leurs maisons étant voisines, jusqu’au jour où Flore fut marié à un veuf de quelque vingt cinq ans son aîné, riche tisserand flamand recherchant une épouse apte à lui assurer une descendance, destinée à reprendre en main, le moment venu, sa florissante industrie. L’union projetée satisfaisait les deux partis et le père de Flore y avait trouvé un avantage des plus substantiels, en particulier l’acquisition de draps à des prix compétitifs. Seule Flore montrait quelques réticences au vu de cet époux dont la quarantaine laissait déjà entrevoir quelques signes de vieillissement qui pouvait rebuter, on le comprendra, une jeune fille dans la fleur de l’âge.
Privée de son amie, partie vivre à Tournai, où elle demeurait désormais, Viviane songeait souvent aux jeux d’autrefois, et parfois laissait errer ses doigts sur ce qu’elles nommaient « le petit bouton du frisson ». Un soir, elle ressenti un orgasme qu’elle s’était ainsi procuré : elle avait découvert le plaisir solitaire dont elle usa désormais pour calmer son ennui.
Le 7 avril 1498, le Roi Charles VIII mourut accidentellement à Amboise et le duc d’Orléans, lui succéda sur le trône de France. Le 27 mai de cette même année eut lieu le sacre du nouveau Roi, Louis XII. Les bourgeois Rémois, suivant un ancestral usage, se devaient d’assurer le financement des cérémonies grandioses au faste imposant, mais la venue en la cité de nombreux visiteurs favorisait les commerces de la ville et chacun y trouvait son compte.
La veille du sacre, le Roi parcourut à cheval les rues de la ville, acclamé par une foule en liesse venue admirer ce souverain de 36 ans bien connu pour ses exploits militaires durant la campagne d’Italie. Les femmes le trouvaient bel homme et l’on ne comptait plus ses bonnes fortunes ; de tout temps les ducs d’Orléans avaient été de fiers jouteurs au lit. Son épouse, donc la Reine, n’était pas de la fête ; cette femme, bancroche, qu’il avait été contraint d’épouser sous l’injonction de l’inflexible Louis XI, et pour laquelle il ne ressentait aucune affection n’avait pas été conviée.
Viviane, émerveillée, regardait le cortège composé de cavaliers aux brillantes tenues colorées, sur des chevaux richement caparaçonnés. Tous les Pairs du Royaume étaient là, entourés de leurs écuyers qui portaient les armes de leurs domaines. Ce monde chamarré fascinait la jeune fille, elle qui durant des années avait vécu dans un austère couvent, loin de la ville et des évènements qui s’y déroulaient.
Ce regard admiratif l’empêcha de constater que dans la foule, un malfaisant, comme il en traine souvent dans ces rassemblements populaires, s’apprêtait à lui dérober une petite sacoche qui pendait à sa ceinture. Le voleur allait mettre son méfait à exécution lorsqu’il fut violemment ceinturé par un jeune homme qui le gratifia d’une bonne volée de ses solides mains.
– Damoiselle, il était temps que j’intervienne, ce pillard allait vous délester de votre aumônière.
Et tandis que le larron s’enfuyait à travers la foule, Viviane se trouva face à un élégant éphèbe au sourire enjôleur, qui l’entraina en un recoin plus tranquille. Il se présenta :
– Je suis Jehan.
– Et moi Viviane, fille d’un mercier rémois qui tient boutique dans le quartier Saint Jacques.
Elle remarqua non seulement l’élégance et la richesse de sa tenue mais également le charme certain qu’il dégageait. Soucieuse d’en connaitre plus sur lui, elle posa finalement une question des plus banales :
– Vous habitez à Reims ? Il ne me semble pas avoir eu l’occasion de vous rencontrer.
– Oui, j’habite effectivement en cette cité, mais vers l’Abbaye Saint Rémi, qui se trouve à l’opposé de votre quartier.
Ils s’étaient dirigés vers un coin de verdure comme il existait dans la ville à cette époque, et au bord d’une fontaine, Jehan se raconta. Il était en fait d’une souche familiale assez huppée puisqu’il avait pour aïeul le célèbre duc de Bourgogne Philippe le Bon, bien connu pour son faste mais aussi pour les nombreux bâtards qu’il avait engendrés au cours de sa vie. L’un d’entre eux, Baudouin, reconnu et titré Seigneur de Fallais, à son tour, fut charmé par les yeux d’une accorte bergère qui lui donna un joli poupon nommé Jehan.
– Vous êtes donc noble ! s’exclama Viviane subjuguée.
– N’exagérons rien. Certes, j’ai comme notre actuel roi, un peu de sang Valois dans mes veines, mais je reste un bâtard, promis à une vie qui n’a rien à voir avec celle de mes pompeux ancêtres.
En fait, Jehan fut très tôt destiné à la vie conventuelle et les moines de l’abbaye rémoises de Saint Rémi, furent chargé de son éducation dans l’attente de revêtir la bure monacale. Quand il était jeune, cet avenir lui semblait merveilleux, mais en grandissant, il prit plaisir à regarder les juvéniles rémoises qui assistaient aux offices du dimanche dans l’abbatiale. Il arriva même qu’une veuve, jeune encore, et certainement dans le besoin, lui fit connaitre quelques rudiments de ces plaisirs dont il allait devoir se priver en devenant moine. La découverte des rondeurs féminines, la chaleur d’intimes recoins, les caresses en tout genre, tout cela lui donna à réfléchir : il jeta le froc aux orties et décida de goûter désormais aux plaisirs de la vie, plutôt qu’à subir la fâcheuse contrainte de l’ascèse.
Son enfance au couvent lui avait permis d’apprendre le métier d’enlumineur pour lequel ses éducateurs avaient constaté chez lui un don certain. A l’époque, si l’invention de l’imprimerie avait mis fin à la tâche des copistes, les illustrations demeurait encore celle des enlumineurs et Jehan, au fil des ans, avait acquis un étonnant savoir faire ; dans la région, on faisait appel à son talent qu’il exerçait dans un atelier situé non loin de l’abbaye, après avoir quitté celle-ci sans regret.
Les heures passaient et Viviane se devait de quitter son nouvel ami. Mais ils se donnèrent rendez-vous le lendemain, jour du sacre. Avant de se quitter, Jehan baisa galamment la menotte de Viviane, songeant à d’autres baisers qui viendraient en leur temps.
Le dimanche donc, depuis l’atelier de Jehan, Viviane put apercevoir le Père Abbé du couvent qui, selon l’usage ancestral, devant apporter la Sainte Ampoule contenant un baume datant du baptême de Clovis, jusqu’à la cathédrale, baume dont il était fait usage dans le rite du sacre.
Viviane fut émerveillée au vu du somptueux cortège entourant l’Abbé. Jehan se tenait serré contre elle, lui apportant quelques lumières sur ces coutumes qu’il connaissait bien pour les avoir vues lors du sacre du feu Roi Charles VIII, quelques années auparavant.
La procession s’étant éloignée, Jehan fit les honneurs de son logis à Viviane ; ils montèrent ainsi à l’étage où se tenaient les pièces d’habitation, et en particulier une chambrette, dont le lit était revêtu de chaudes peaux de loup. Viviane ne put s’empêcher de caresser ce moelleux pelage et Jehan l’invita à s’y allonger, afin d’en goûter la douceur.
La suite fut merveilleuse et Viviane ne repoussa aucun des assauts de Jehan ; elle avait trop envie de connaitre les effets de cette intimité avec un homme, ce qu’elle désirait ardemment depuis les premières privautés échangée avec son amie Flore. Elle ne refusa point ses lèvres au baiser de Jehan, découvrit avec plaisir les caresses d’une langue coquine, laissa la main fureteuse qui s’était glissée sous son bliaud aller et venir sur sa peau nue. Elle frémit en la sentant explorer sa chaude intimité puis s’attarder sur son petit bouton d’amour. Elle éprouva l’immense bonheur procuré par une bouche goulue qui mordillait ses tétons. Avec Jehan toutes ces attentions dépassaient, et de loin, tout ce qu’elle avait ressentit avec Flore. Elle s’émerveilla enfin en découvrant le sexe raidit de ce mignon bâtard qui lui avait fait découvrir de nouveaux horizons.
Lorsqu’il la pénétra, elle ressentit d’abord une gêne qui cessa bien vite alors qu’une onde bienfaisante l’envahissait.
Viviane, ce jour-là ressentit le premier orgasme qu’un homme lui avait procuré. Il y a cinq ans qu’elle attendait cela.
Raimondo (à suivre)