Emeline et Adalbert 09
Posted in Oulibouf on mars 20th, 2012 by gerard – Be the first to comment Voici la suite du roman médiéval de Raimondo… Et c’est loin d’être fini !!!IX
Au cours de son voyage de retour vers son castel, Emeline s’aperçut qu’il s’était produit en elle un grand et incompréhensible changement : l’’envie irrépressible qui autrefois la tenaillait lorsqu’elle apercevait un beau jeune homme, semblait avoir disparue. Elle eut pourtant l’occasion d’être courtisée par d’élégants chevaliers qui croisèrent son chemin, mais ne se sentit jamais attirée vers eux, comme cela lui arrivait si souvent autrefois ; elle n’eut jamais l’envie d’accomplir cette position, imaginée par elle à Montpellier, et baptisée : bourrée languedocienne. En d’autres termes, elle avait perdu l’envie de faire l’amour et cela l’affectait profondément.
Submergée par la nostalgie, elle s’est mise à la poésie et tels les troubadours de l’époque, compose des lais et autres ysopets pour lutter contre le spleen, cette langueur qu’une reine de France d’origine anglaise a importée dans sa corbeille de mariage.
Toujours seulette dans ma chambrette
L’amour a fui
De mon lit
Qui donc pourra me redonner
L’envie de forniquer
Aglaé, sa fidèle servante, veille sur elle avec sollicitude, mais ne parvient pas à lui redonner le sourire. Pourvoyeuse des plaisirs de sa maîtresse, elle fait au mieux pour la divertir, apporter un peu d’allégresse à sa vie et l’inciter à reprendre les jeux de l’amour qu’elle délaisse depuis son retour. Par son entregent, Guillaume, le fils du notaire, lui a rendu visite à plusieurs reprises. Il s’est montré galant, tentant de renouer l’érotique romance d’autrefois ; mais Emeline est restée de glace face à ses assauts devenus inutiles.
Cette dévouée servante n’hésita pas à payer de sa personne et se montrer avec elle d’une tendresse inaccoutumée. Un soir, elle se glissa dans son lit, l’entoura de ses bras câlins, l’abreuvant de baisers et de caresses intimes. Emeline accepta ces gentillesses, mais ne s’enflamma pas pour autant et ne chercha pas à se laisser aller jusqu’à l’orgasme.
Aglaé se dit qu’il était temps d’aviser et décida de faire appel aux services de la vieille Maguelone, guérisseuse des corps et des cœurs, bien connue dans la région pour les bienfaits qu’elle dispensait autour d’elle. Celle-ci, informée de l’attitude très inhabituelle d’Emeline, suggéra qu’on lui fasse boire une potion magique à base d’herbes des bois, tels le jujubier, la caroube et l’épine-vinette, et qu’on répande sur son sexe un onguent, mélange de fiente de tourterelle, de bave de crapaud et d’une goutte de sperme de chevreuil. On n’avait pas lésiné sur les moyens et Emeline, réticente au départ, se laissa convaincre des bienfaits de ce traitement qui se prolongea durant plusieurs semaines, sans toutefois apporter l’amélioration attendue : Emeline ne ressentait toujours pas l’envie de mener à leur terme les doux jeux de l’amour.
Et cela dura jusqu’au jour où Renaud, l’écuyer du comte Adalbert Flavien Gaétan de Coucy, arriva au château à la tête d’une importante escorte.
– Majesté, je suis votre très humble serviteur et je vous présente votre dame d’honneur : voici Albine.
* *
Au même moment, par delà les mers, en ces contrées orientales, Adalbert Flavien Gaétan de Coucy s’adonnait avec une aguichante hétaïre, à une petite sodomie de bon aloi tandis qu’au palais du Sultan Bourrin, Aïcha les yeux émerveillés ouvrait le magnifique coffret que Shéhérazade et Tamère lui avaient rapporté.
Aïcha, n’en croyait pas ses yeux : le coffret contenant un sexe desséché qu’elle reconnu aussitôt, malgré son aspect momifié, pour être celui d’Ali. Conteuse hors pair, Shéhérazade fit le récit d’une belle épopée vengeresse qui se termina par l’émasculation de l’infâme Ali.
» Suivant ton désir, chère Aïcha, nous sommes allés au devant d’Ali et sa troupe de malandrins qui s’acheminaient, par la route des caravanes, vers le palais du Sultan Bourrin ; ils avaient hâte d’y pénétrer pour exercer leurs coupables méfaits, n’attendant qu’un signal de ta part. Ali fut bien sûr déçu de ne pas te revoir ; je pense qu’il avait en tête des envies très coquines, qu’en ton absence il exerça sur moi. Il allait poser ses mains sur mes fesses, lorsque le brave Tamère, s’interposa avant qu’il n’accomplisse son forfait, lui faisant remarquer qu’il fallait vite se mettre en route avant la tombée de la nuit, si on voulait réussir une opération savamment pensée. Ali, vexé, se tint coi ; il suivit Tamère, qui avait pris la tête de la colonne, remettant à plus tard le soin de laver l’offense qui venait de lui être faite. Dans la soirée, nous arrivâmes, ainsi que je l’avais prévu, dans un grandiose site montagneux, percé de petites cavernes, occupées autrefois par des troglodytes et aujourd’hui domaine d’un marabout solitaire de mes connaissances. Il nous accueillit avec bonhomie et nous régala d’un savoureux méchoui arrosé de kéfir, cette boisson spécifique de nos régions, mais qu’il avait, pour Ali et ses larrons, rehaussée d’un puissant narcotique.
Au petit matin, par je ne sais quel miracle, les voleurs avaient disparu ; seul, au bout d’une corde, tournoyait le cadavre émasculé d’Ali… Le marabout, silencieux, me remit ce coffret, contenant non seulement des restes d’Ali, mais également la précieuse clé permettant d’accéder à ses cavernes où ses larcins se trouvaient à l’abri. Fou de joie, Tamère se préparait à caresser mes seins, mais je m’esquivai, te laissant, chère Aïcha, le privilège de cette aimable pratique. «
Cette dernière remarque fit bien rire Aïcha qui offrit à son ami Tamère sa récompense préférée ; elle permit même, ce qui n’était pas toujours le cas, une caresse plus intime sur un buste complètement dénudé, pour le remercier de ses loyaux services. Dans les jours qui suivirent, Shéhérazade se fit moins distante avec son compagnon de voyage et offrit à ses attentions son délicieux fessier ; Tamère bandant toujours mou, on s’en tint à quelques attouchements, mais pas plus, au grand regret de la jeune femme.
* *
Emeline, de son côté, apprend qu’elle est vice reine ; cette nouvelle cependant, ne lui apporte pas l’allégresse qu’on pourrait penser. Au cours du repas, elle a poliment écouté le récit que Renaud a pu lui faire : comment il a rejoint l’ost royal à Jérusalem, comment il a retrouvé Albine, sa bien-aimée, comment avec quelques messagers chargés d’apporter au royaume de France, les ordres du roi, ils ont traversé une mer souvent houleuse. Albine n’a pas oublié de conter les péripéties d’un voyage, face à des matelots aux manières inélégantes ; elle avait pourtant gardé ses habits masculins, mais son aspect juvénile n’était pas pour déplaire à ces soudards qui faisaient feu de tout bois.
Emeline à son tour fit part de sa mélancolie et de cette langueur qui la privait des joutes amoureuses et de leurs délices, depuis son retour de Montpellier. Cela expliquait son manque d’enthousiasme et le désintérêt qu’elle portait à son nouveau titre. Apprenant ces déplaisantes nouvelles, Albine et Renaud se montrèrent attentifs, et lui manifestèrent une amicale tendresse. Emeline sentit en elle un léger frisson, qui lui rappelait certainement de délicieux souvenirs, prémices peut-être à un renouveau, mais cette onde ne fut que passagère et la langueur s’en revint rapidement. Seule sur sa couche, elle essaya bien une petite manipulation solitaire qui, malheureusement, n’aboutit à rien.
Elle se donna une nuit de réflexion pour décider si elle allait rejoindre Adalbert Flavien Gaétan de Coucy, son époux.
Raimondo (à suivre)