Raimondorama 01
Posted in Oulibouf on avril 20th, 2011 by gerard – 3 CommentsJe crois avoir déjà dit ici que Raimondo est un auteur prolifique. Il m’a paru normal qu’un article mensuel lui soit entièrement consacré. Ce que nous aimons en lui, outre son art de ciseler la métrique, c’est sa malice. Malice qu’il met au service d’une polissonnerie qui l’aurait, à coup sûr, rendu célèbre au XVIII ou au XIXème siècle. Hélas, de nos jours, nos jeunes ne s’embarrassent pas de périphrases ou d’euphémismes. Ils sont plutôt du genre « direct », c’est dommage car nos compagnes ont souvent gardé ce côté « fleur bleue » qui les fait craquer. Eclectique, vous pourrez juger, entre autres, de sa sensibilité très « comme il faut » dans « Ode à Ninon » et de son sens de l’humour dans « Sans rime ni raison ». Il me fait penser à cette chanson de Georges Moustaki « Fleur de méninge » que Barbara et, plus tard, Serge Reggiani, interprétèrent: (http://www.dailymotion.com/video/xi2sn_barbara-fleurs-de-meninges_music ) :
« …Quand je joue au bel oiseleur
Je peux tout prendre avec des fleurs
De méninge
Pour étourdir la midinette
Pas besoin de roses ni de pâquerettes
Au dancinge
Suffit pour ce gentil labeur
De savoir faire pousser les fleurs
De méninge »
Continue dans cette voie, ami, ce n’est pas moi qui m’en plaindrai!
La main de singe
La main de singe est une pièce qui fut représentée autrefois au Grand Guignol, théâtre aujourd’hui disparu, dont le répertoire puisait largement dans des histoires fantastiques. Le récit poétique qui suit est inspiré de ce drame.
Le soir dans la taverne à l’heure de la veillée
L’homme nous racontait toutes ses équipées
Lorsqu’il était coiffé de ce beau képi blanc
Qu’autrefois il portait alors très noblement.
Pour nous, cet homme-là était le légionnaire ;
Il avait bourlingué par delà les frontières,
En Afrique, en Asie, en de lointains pays,
Dans des lieux où la guerre avait besoin de lui.
Nous étions fascinés au récit des actions
Qu’il racontait alors avec tant de passion.
Un soir, il nous montra la Main parcheminée
D’un grand singe africain qu’on lui avait donné.
Celui qui possédait ce précieux talisman,
Verrait trois de ses vœux exaucés pleinement ;
Et tous les gens présents, en voyant ce gri-gri,
Souhaitaient ardemment le posséder aussi,
Mais cet ancien guerrier, malgré tous leurs soupirs
Négligea de répondre à leurs moindres désirs ;
On aurait dit qu’en lui une image lointaine
Etait soudain venu réveiller une peine.
Peu après, il mourut et l’on ne parla plus
De cette Main magique au pouvoir absolu.
Tous avaient oublié, sauf un fermier malin
Qui de cette amulette avait fait le butin ;
Longtemps il la garda tout au fond d’un tiroir
Jusqu’au moment venu ou vinrent des jours noirs :
Cette année là, les champs avaient très peu donné
Et cet homme emprunta pour pouvoir subsister,
Auprès de créanciers qui lui firent injure
Pour recevoir leur dû et le fruit de l’usure.
Alors il prit en main la précieuse amulette
Qui pourrait l’assister pour acquitter ses dettes
Et il cria bien fort « Il me faut mille écus
Pour que mes créanciers ne m’importunent plus ».
La Main se contracta ; rien ne se produisit,
Et il se retrouva avec tous ses soucis.
Mais quelques jours plus tard on vint lui annoncer
Que son fils, bûcheron, était accidenté,
Ecrasé par un chêne au cours de son labeur.
Le patron généreux, pour payer ce malheur,
Fit don à ses parents d’une somme élevée
Et offrit mille écus pour les indemniser.
A la ferme, la vie repris, mais le chagrin
Etait sans cesse là et du soir au matin
Ces gens pleurait leur fils hélas partit trop tôt
Les laissant à leur peine en gisant au tombeau.
La mère obstinément suppliait son conjoint
De faire un nouveau vœu pour que leur fils enfin
Revienne parmi eux comme avant son trépas,
Ramenant au logis le bonheur et la joie.
Mais l’époux hésitait, il songeait constamment
Au corps déchiqueté du malheureux enfant.
Puis, peut-être lassé de toutes les suppliques
Il s’adressa enfin à cette Main magique
« Redonne à notre fils le souffle de la vie
Pour qu’il revienne enfin avec nous vivre ici »
Et de nouveau la Main soudain se contracta.
Aussitôt quelques chiens hurlèrent à la mort
Un vent impétueux s’éleva, soufflant fort ;
On entendit aussi aux abords du chemin
Une voix languissante criant dans le lointain
Qui disait : chers parents je reviens parmi vous
Ouvrez donc votre porte, ouvrez votre verrou,
Je veux comme autrefois partager vos repas
Et retrouver chez vous le bonheur d’être à trois.
Oui, mais cette voix-là respirait la souffrance,
Et le père aussitôt eut en sa souvenance
Le corps du bûcheron broyé sous le grand chêne,
Dont il eut à nouveau la vision inhumaine.
Alors prenant la Main il prononça ces mots,
« Que le corps de mon fils retourne à son tombeau »
Et une ultime fois
Ode à Ninon
I
Ce matin là, à la rivière,
Ninon allait quérir de l’eau ;
Elle portait une brassière
Très fine car il faisait chaud.
En chemin elle rencontra
Un assez jeune adolescent
Qui bien fort la complimenta
Sur son très bel accoutrement.
Ma mie, dit-il d’un ton badin,
A travers ce tissu léger
On devine de jolis seins
Que j’aimerais tant caresser.
Ninon qui était demoiselle
Plein de pudeur et de vertu
Rougit ainsi qu’une pucelle
Au compliment inattendu.
Dès son retour à la maison
Elle conta à sa maman
Ce que le bien joli garçon
Avait susurré galamment.
Ma fille, répondit la mère,
Garde-toi des complimenteurs
Je te rappelle que ton père
Joua un jour le joli cœur,
Et qu’après t’avoir enfanté,
Il reprit son chemin errant
Me laissant avec mon péché :
Joli péché assurément ;
Car tu es très belle ma grande
Ta peau a la couleur du lin
Et tes grands yeux noirs en amande
Sont comme ceux de ce gredin
Qui un matin à la rivière
Après m’avoir fait compliment
Sut user de jolie manière
Pour me donner un bel enfant.
II
Ninon n’écoutant pas les conseils de sa mère
S’en alla de nouveau au bord de la rivière
Espérant retrouver le bel adolescent
Au sourire si doux et aux propos galants.
Lorsqu’il la retrouva très vite il s’élança
Et avec passion il la prit dans ses bras.
Puis il saisit sa main qu’il serra longuement
Avant d’y déposer ses lèvres tendrement,
Et leurs bouches amoureuses qui s’étaient recherchés
Se trouvèrent aussitôt en un ardent baiser.
La suite, on la devine, ce furent des folies,
Des mains qui s’égaraient, des gestes plus précis,
Ou des attouchements qui devinrent bientôt
Source de volupté et d’amoureux sanglots.
Très vite ils furent nus, offrant leurs corps brûlants
A leurs plus fous désirs, à leurs baisers d’amants.
Quand ils ne furent qu’un, s’échappa une larme
Pour ce geste nouveau faisant d’elle une femme.
Puis ils dormirent là, heureux sous les feuillus
Près du ruisseau coulant sur les rochers moussus.
Lorsque Ninon revint, sa mère remarqua
Le changement profond, les grands yeux plein d’éclat
Le sourire extasié, la mine réjouie
Et l’allure puérile soudain évanouie.
Elle comprit alors à ces bouleversements
Que sa jolie Ninon n’était plus une enfant.
ODE RONSARDIENNE
Mignonne remontre moi la chose
Que l’autre jour j’ai découvert
Soulevant une jupe rose
Faite d’un fort soyeux mohair.
Ce jour là, c’était merveilleux,
Tu n’avais pas mis de culotte
Et j’ai contemplé radieux
La rousseur d’une belle motte.
Lorsque tu m’as tourné le dos
Ce fut une réelle ivresse
De constater le beau duo
D’une très jolie paire de fesses.
Je fus comblé par ces beautés
Et mes mains tremblantes d’amour
Longuement se sont attardées
Sur ces délicieux contours,
Mes lèvres assoiffées de désir
Bien vite se sont mise à baiser
Cette peau nue faisant frémir
Tout mon pauvre corps enflammé.
Alors d’une langue goulue
J’ai titillé le fin bouton
Exhibé d’un sexe velu
Qui faisait mon admiration.
Tu t’es ouverte à mon envie
Ouvrant tes cuisses fuselées
Pour laisser pénétrer mon vit
Au creux de ton intimité.
Dès lors ma caresse fougueuse
S’exprima avec fulgurance
Et une onde voluptueuse
Te fit crier de jouissance.
Pour répondre à ta volupté
A son tour prenant son essor
Mon sexe s’en vint se vider
Dans l’antre tiède de ton corps.
Mignonne, viens, recommençons
Ce que l’autre jour on se fit
Aimons- nous avec la passion
Dont nos corps ont la folle envie.
Tous les matins dans la cuisine
Elle aimait caresser ma joue
Et quand venait le crépuscule
Elle désirait que je l’embrasse.
En promenade, dans la rue
Elle mettait ses mains sur mon dos
Et un certain soir de juin
J’en vins à peloter ses bras.
Elle fut ravie de la caresse
Et bientôt me montra sa joie
En enlevant son pantalon
Pour que je tâte son genou.
Un salaud a volé mon dictionnaire de rime
Et depuis ce jour-là je vis dans la débauche
Mes vers n’ont aucun sens, mes écrits sont hideux