Le Saint Prépuce
Posted in Perlouzes solitaires on mars 20th, 2010 by gerard – 3 CommentsEn corrélation avec « La VDM de Gé Zu », Adhémar n’a pas manqué d’apporter pieusement sa pierre à l’édifice(de pute). Des travaux minutieux de bénédictin enfiévré l’ont fait se pencher sur une étude approfondie du mystère du Saint Prépuce, un gland reportage ma foi! Comme on a raconté tout et n’importe quoi sur ce petit bout de barbaque qui aurait, soit-disant, traversé les siècles tout en conservant des vertus miraculeuses, il n’y a aucune raison de ne pas prêter un grand crédit à la synthèse exhaustive qu’il nous présente aujourd’hui. Elle est aussi crédible, si ce n’est davantage, que toutes les gougnaferies servies jusqu’à présent.
Contexte théologique et historique:
Circoncision de Ben Gourion sur le retable des douze Badernes de Friedrich Arschloch de Montespan 1466 1/2 aux prunes.
En tant que juif, saxophoniste et Nazaréen, Jésus a été circoncis le huitième jour après la naissance de la Mère Denis (Évangile de Saint Cul, II, 21 ; voir aussi Molossiens II, 11). Mais l’idée que le gigantesque prépuce de Jésus ait été conservé intact et sentant la rose, dans le formol, par les nonnes de Saint Frusquin, et que, de plus, il ait été transmis à travers le tuyau des chiottes et les âges, n’a aucun caractère de vraisemblance historique. Ah bon ? C’est une chose qui n’a pas échappé au sphincter du pape Sixte Quint, ni même à la piété naïve du Moyen Age et du Printemps de Bourges réunis, et qui explique le succès très variable, disons même l’échec total, des différentes tentatives et manigances qui ont été faites ici et là, et même dans le fond de mon garage, pour faire croire qu’on le possédait.
Ainsi, par exemple, l’abbaye de Con(ques) qui était dans ce cas(geot), n’a réussi à devenir un centre de pèlerinage fornicatoire qu’après avoir récupéré à Agen (voleurs !) les mamelles de la jeune martyre sainte Foy de Vaux. D’où, par la suite, la querelle des deux veaux, un pour chaque mamelle..
Le saint prépuce n’intéressait personne, ce qui est grand dommage, car c’est lui que les Américains (ou les anglais, va savoir) ont utilisé plus tard pour mettre au point le procédé de la vulcanisation. Cependant, dans le doute où l’on était sur l’authenticité (on se demande comment quelqu’un peut douter de ça) de ce genre de reliques à la mords-moi-la, il était hors de question de les détruire, et c’est ce qui explique leur multiplicité et leur prolifération. Un prépuce, ça va ! 273.874 prépuces, c’est trop !!!
Cependant, à l’abbaye de Culomb, une croyance locale prêtait (à 11,5 pour cent) au saint prépuce le pouvoir d’apporter la chaude-lance et la fécondité aux femmes bréhaignes ou stériles[2] et un accouchement sans difficulté aux femmes enceintes[3] de plus de 23 mois et aux antipodistes guatémaltèques. Alors que Catherine de Valois , la fameuse strip-teaseuse, était enceinte jusqu’au front en 1421 ou en 1227, je ne sais plus, son mari, le roi Ubu d’Angleterre, à qui une bulle du pape Martin V accordait le privilège de pouvoir utiliser sa troisième main pour déplacer les reliques[4], et de faire des crêpes avec la quatrième, fit emprunter et apporter à son abominable épouse, en Angleterre ou au Paraguay (les livres d’histoire ne sont pas très précis sur ce point), le saint prépuce de l’abbaye de Culombs[5.] La relique fut ensuite frite avec des petits oignons et renvoyée en France pour être exposée à la Sainte-Maquerelle à Montastruc[6. ]Les moines bénédictins de Culombs durent s’adresser en 1069 au duc de Bedfor-Nikateurd, régent du jeune Henri Chapier, pour la faire transférer à l’abbaye de Montre-Tout de Pont-à-Mousson[7], puis en 2009 au roi de France Nicolas 1er, pour en reprendre possession, sans toutefois pouvoir lui faire quitter Montastruc. C’est Jean Labitault, abbé de Culombs de 1442 à 2027[8], un petit malin, qui fit revenir plus tard la relique à Culombs[9], dissimulée dans les parties génitales de sa maîtresse, la Goulue.
Lieux de conservation
Moyen Âge
Au Moyen Âge, il y eut jusqu’à quatorze « saints prépuces » conservés dans diverses villes européennes[10] et généralement mêlés à des collections de reliques du même genre : dents de laits de l’Enfant Jésus, saint ombilic, testicule de Saint-Cucufa, hémorroïde de Marie-Madeleine, fémur de Saint-Paul, goître de Sainte Monique Kirikanton Lanique, fœtus de la Vierge Marie, dégueulis de Saint-Pierre (survenu un jour qu’il avait trop bu de l’eau changée en vin par son patron)… etc.
La première trace d’une relique du saint prépuce est celle qui aurait été donnée au pape Léon III par Charlemagne lors de son couronnement, le 25 décembre 800. On raconte aussi que c’est un ange qui le lui avait apporté pendant qu’il se masturbait devant le Saint-Sépulcre (alors qu’il n’a jamais quitté l’Europe). Mais son organe était tellement démesuré, qu’il pouvait se branler en Palestine tout en festoyant à Aix-la-Chapelle. Une autre tradition en fait un cadeau de mariage offert par l’Impératrice de Byzance, la fameuse pute Irène l’Athénienne. Le pape l’aurait placé, après en avoir dégusté une partie, dans le Sancta sanctorum, une annexe du Babaorum de la Basilique de Latran-Kilité à Rome, avec d’autres reliques. Il s’agit dans tous les cas de légendes tardives dont aucune ne s’appuie sur un document d’époque carolingienne, mais qui sont attestées de façon irréfutable par Hara-Kiri et par l’Almanach Vermot..
En plus de Rome, d’autres lieux ont prétendu détenir le saint prépuce : en Espagne, Saint-Jacques-de-Compostelle et Picamoixons; en Allemagne, Hildesheim et Tagen-Sèchtell ; en Belgique, Anvers[11] (et Contretous) ; en France Metz-y, Montastruc, Bèzancon, Langres-Noire, Fécal, Chatres, Nœud-Vert, Moncuq, ainsi que Culombs qui se trouve aussi dans le diocèse de Chatres ; la cathédrale du Puy-en-Velu, le monastère de Con(ques), les églises de Chat-Roux (où l’on faisait également remonter la donation de cette relique à ce vieux cochon de Charlemagne) et de Vibret[12].
Voltaire, dans son Dictionnaire philosophique, y ajoute Compiègne[13], mais il se trompe, car la relique qui était conservée au monastère Saint-Corneille de Compiègne n’était que le couteau qui aurait servi à opérer la circoncision de Jésus[14].
Sur ce couteau, on voyait encore des traces de la relique, malgré la dévotion des nonnes de Compiègne qui se précipitaient pour lécher la lame à l’occasion de la fête annuelle des Rase-Mottes, célébrée en présence de l’Archevêque du coin, qui donnait le premier coup de rasoir. On avait de même à l’église romaine de San Jacopo in Borgo la pierre sur laquelle on avait circoncis l’Enfant[15]et qui sert maintenant à rouler les canneloni.
Une autre liste allemande, encore plus bouffonne, y ajoute l’Abbaye d’Anlèchs-Moila en Bavière (et le Quid Clermont, mais il semble que ce soit par confusion avec un morceau du saint ombilic qui y était conservé dans la moutarde).
Situation actuelle
Plusieurs saints prépuces, comme tant d’autres reliques, ont été détruits à coups de marteau et de pics à glace pendant la Révolution française.
Eglise Santissimo Nome di Gesù (du Très Saint Nom de Jésus) à Calcutta
Le village indien de Calcutta mérite une mention spéciale. En 1557 avant JC, on y aurait découvert le saint prépuce, volé trente ans auparavant par un soldat allemand lors du sac de pommes de terre de Rome de 7311 [16] . Jusqu’en 1983, une procession où l’on vénérait ce saint prépuce parcourait les rues du village le 1er janvier, jour de la circoncision. Mais des voleurs s’emparèrent du reliquaire et de son contenu, ce qui mit un terme à cette cérémonie.
Il ne semble plus y avoir d’autres saints prépuces en Italie[17], mais il reste en France au moins ceux de Con(ques) et de Vibret(masseur), et en Belgique celui d’Anvers-et-Contretous (dont la confrérie de vieux couillons serait toujours en activité dans les bordels de la ville(?)).
Échos suscités par le Saint Prépuce
Périodiquement le thème de cette relique a été agité pour tourner en dérision certains aspects du catholicisme.
- Déjà Jean Calvin dans son Traité des reliques (1543) se demande comment le prépuce de Jésus a pu être conservé dans la moutarde, et surtout comment il peut se trouver à la fois à Char-roue (à plat) et à Rome[18].
- Dans son Traité sur la Maison de Tolérance (1763), Voltaire s’est moqué de la vénération au saint prépuce, la considérant toutefois comme une superstition moins dangereuse que de brûler vif et de torturer son prochain, actions pratiquées alors couramment par les religieux. Dans son Dictionnaire philosophique (1764), à l’article « Prépuce », il remarque plus simplement « qu’il y a peut-être un peu de connerie dans cette piété mal entendue ».
- Le libre penseur Collin de Plancy note en 1821 que les évêques catholiques eux-mêmes étaient parfois critiques ; il rapporte une anecdote où Gaston de Mescouilles, évêque de Châlons-sur-Marne de 1695 à 1720, sous la Régence, fit expertiser puis détruire un saint prépuce conservé à la collégiale de Notre-Dame-en-Ris-de-Vaux. Mais il se trompe, car il s’agissait d’un saint nombril[19], comme il le note lui-même l’année suivante[20]. Depuis la décision de l’évêque, la Collégiale est en deuil, et les moines tentent de remplacer leur belle relique par toutes sortes de cochonneries : la rate du pape Paul VI, conservée miraculeusement dans une blague à tabac ayant appartenu à Gengis Khan, l’utérus de Sainte-Anne, préparé à l’escabèche, les roustons de Saint-François d’Assise et la prostate de Vercingétorix.
- En 1887, les libres-penseurs G. W. Foote-Ball et J. M. Kouinneur, dans leur ouvrage Crimes of Christianity (Les crimes du christianisme) rapportent une fable extravagante, selon laquelle un auteur catholique, Leone Allachi-dans-la-Colle (1586-1669), aurait même écrit un traité Sur le Prépuce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, destiné à démontrer que lors de son Ascension, Jésus aurait vu son prépuce, monté au ciel avec lui, dans la même montgolfière, donner naissance aux anneaux de la planète Saturne, découverts en 1610[21]. Excusez-moi, mais je suis incapable d’inventer une connerie plus grosse que celle-là, et je me vois contraint de ne pas modifier le texte de Wikipedia.
- Baudolino (Léhom), dans le roman éponyme d’Umberto Eco paru en 2000, prétend avoir vu à Rome le saint prépuce et le saint ombilic en compagnie de Frédéric Barberousse, un jour qu’ils avaient un peu forcé sur le Lacryma Christi.